Passager

Out Now


Passager

Or solitude
rêvé de mon quartier
de l’ombre derrière les persiennes rouges

la cour vide des cris
au fond assise la femme à demi nue

à la peau de son ventre laiteux
rêvé de leur vie à eux

et à l’amour et au désir indistincts
dans la distance d’aujourd’hui

 

 

Il Faut Détruire Carthage

Poème de Amin Khan

Peintures de Ali Silem

il n’y a pas de guerre

il n’y a pas de paix

il n’y en a jamais eu

Ancrages

La Caroube, lundi 9 mars 20

J’aurais voulu être un arbre oublié
Un arbre en compagnie d’autres arbres
Une clairière en pente des rochers
Le ciel s’accrochant à nous parfois
Pour ne pas tomber

Soleil de

Février

Je ne demande pas
j’exige

et d’abord
le soleil

racine rouge
glaise noire qui donne l’ivresse
à celui qui la travaille
à celui qui l’aime
dans chaque parcelle d’ombre
sous les oliviers
dans les poignées de terre prises
saisies dans le geste incandescent
de la fantaisie brutale des amants
au bord sans cesse de la rupture
de leurs corps ensoleillés
de cette fièvre de la conscience extrême
du désir insatiable
de la vie
tremblante et chaude


"Between melancholy and ironic distance, metaphor and lucidity, tenderness and beauty, Amin Khan inscribes his doubts and his solitude in the universal measures and harmonics of the Afro-American blues.”

René Depestre, Best-Selling Author



“Every page is a song within a song. beautiful.”

— Mahdi Khene, Musician



About Amin

Amin Khan was born on October 18, 1956 in Algiers. He studied economics, political science and philosophy in Algiers, Paris and Oxford. During his professional career, he has been a teacher, diplomat and international civil servant.

He is the author of numerous publications. For the poetry book "Arabian blues", prefaced by René Depestre, Mld, 2012, he received the first prize of poetry Nikos Gatsos and the prize François Coppée of the Académie française.

Amin Khan directed the collective work "Présence de Tahar Djaout, poète", Barzakh, 2013, as well as five volumes of essays, "Nous autres, Éléments pour un manifeste de l’Algérie heureuse", Chihab, between 2016 and 2019.

In poetry, he also published: "Colporteur", Sned, 1980, "Les mains de Fatma", Sned, 1982, "Vision du retour de Khadija à l’opium”, Isma, 1989, "Archipel Cobalt" ", with a preface by Dominique Sorrente, Mld, 2010," Rhummel ", Apic, 2014, " Poèmes d’août ", with drawings by Arezki Larbi, and “Jours amers”, with drawings by Hamid Tibouchi, elKalima, 2017.

 other works

 

What People Are Saying

 
 
Dans une Algérie où l’exaltation est retombée, où les rêves de pacifique libération d’un pays et d’une société entravés qui animaient le Hirak de 2019 laissent aujourd’hui place au doute et à la déprime, la poésie, mieux que tout autre discours, sait garder ardents la flamme de la colère et l’appétit de la vie. (Read the full article HERE)

- Lakhdar Benchiba, Le Monde Diplomatique, 2022

"De recueil en recueil, Amin Khan, qui a reçu en 2012 le prix Méditerranée de la poésie Nikos Gatsos et le prix François Coppée de l’Académie française, poursuit ses passions et affine sa poésie, toujours à la recherche d’une écriture épurée, légère mais profonde, sobre et ciselée. Aujourd’hui, il est sans doute l’un des plus grands poètes algériens vivants, ses aînés ayant pour la plupart disparu, tandis qu’une nouvelle génération apparaît, sans doute moins prestigieuse, mais présente et montante, valeureuse même dans une époque où la poésie apparaît comme le dernier des soucis."

— Ameziane Ferhani, Augustes mots, à propos de Poèmes d'août, El Watan, 2017

 
 
 

" Le poème est étincelant, et si des élancements de douleur et d'exil se font sentir, jamais on ne bascule dans la plainte. On aurait plutôt l'impression que le poète renoue les fils coupés des destins contraires."

— Hélène Hazera, Tapisserie d'exil, Les Lettres Françaises, à propos d'Archipel Cobalt, 2010

 

« La fulguration surréaliste d’Amin Khan intègre une expression elliptique et dépouillée à divers héritages transnationaux et transculturels. Son énergie migratoire est partie prenante du cafard musicien des noirs et du feeling douloureux à la Baudelaire ou encore à laWilliam Carlos Williams. Il met la tradition musulmane en contrepoint fécond aux valeurs esthétiques des cultures française et anglo-saxonne. En un temps où l’interdépendance des imaginaires de la planète n’arrête pas de s’accroître, sa maison philologique de poète n’est ni la nation arabe, ni les anciens empires coloniaux, sinon le sentiment de mondialité qui pousse son errance « d’éternel poursuivant de la poussière et du sel. »

— René Depestre, préface à Arabian blues, 2012

 

« Les poèmes de Colporteur chantent essentiellement et sous une forme souvent voilée l'amour et un quotidien parcellaire, écartelé entre sensualité et dérision. (...) Dans Les mains de Fatma, son deuxième recueil, Amin Khan poursuit, avec le même regard incisif et souvent insolite, cette entreprise de déchiffrement de notre environnement immédiat, de distillation de l'essence des choses. Le livre est constitué de fêlures dans le silence et la nuit de l'attente. Les poèmes sont comme de courtes pulsations qui crèvent la monotonie et la solitude. Ironie, pirouettes langagières, métaphores oniriques, érotisme discret. »

— Tahar Djaout, Les Mots migrateurs, Une anthologie poétique algérienne, OPU, 1984